| | La maison enduite de Chaux blanche surplombe une mer fluide. La chaleur se dématérialise en butant contre les façades et les volets bleus. Loin des esclandres politiques et du larcin des banques, Démis pose un grand plateau d'oursins ouverts sur sa table épaisse en bois flotté. Une bouteille de vin blanc cliquette dans un seau d'eau et de glace. Terminé pour lui, il est sorti du système, il ne veut plus se sentir tel un mouton tondu avec une puce de géolocalisation dans le fion. Il a cuit son pain au four à bois hier, il sort dans son jardin, saute d'une tomate à l'autre...
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| | Il a rempli ses chiottes de merde collante, marron châtaigne luisant - machinalement, il tire la chasse, elle n'emporte que du papier et un crottin satellite - le tas de merde est toujours là, plus gluant et débectant une fois mouillé. Il ne fout plus de désodorisant depuis belle lurette - par hasard, il baille devant un horrible miroir, ne pouvant s'épargner la vision suraiguë de filaments alimentaires gigotants sur ses chicots d'un noir charbon
- Merde...crie-t-il, avec la tête d'un lapin ayant perdu sa carotte.
Il n'en a rien à foutre, surtout des gens du showbiz,...
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| | Allongés tous les deux, qu'il est beau tout ce ciel
Allongés sous les cieux, ils s'aiment
Aurait-on dormi là ? Sans s' en apercevoir?
J'ai si soif de toi, de nous à l'avenir
J'ai la gueule de bois, mais je t'entends sourire
On ne voit plus la terre, on n'entend plus les balles
Nos sangs mêlés coulent en rivière
Un sauveteur lit sur l'écran le message d'une mère "répondez, je vous aime..."
Ils ne répondrons plus... Morts, enlacés... ils s'aiment
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| | Paris sera toujours Paris ? Paris est aussi une plaie, la maladie qui emporte chaque nuit des êtres humains détruits. Paris, leur tombe à ciel ouvert, leur caveau dégueulasse qui pue l’urine et la diarrhée acide.
Ils sont des formes agglutinées dans les coins, les angles, derrière les buissons des squares, mi-peau mi-textile, extrémités modifiées, la corne humaine s’est mélangée au feutre, au cuir de leurs hardes, mi-peau mi-textile, la crasse puis les parasites comme une résine incluent l’un dans l’autre.
Ils ont une langue énorme, bouffée par les aphtes,...
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| | 6h17 - une vache brune dans un virage, les lignes défilent en mirage de fin de nuit. Aux abords de la ville des statues de chair - lui est assis sur le trottoir d'un rond-point, son regard bovin pointe ses chaussures - elle, brindille instable, avance vers la lumière, elle garde son élégance féminine, elle communie avec son Android.
Le ciel étale des laitance lumineuses - qui le regarde encore ?
Tandis que ces désabusés cuvent l'ivresse d'absence de profondeur - loin de l'île, des migrants cherchent de l'eau - il est des besoins d'une banalité très humaine.
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Je ne me suis jamais intéressée à la physique (encore moins à la mécanique quantique) même lorsque cette discipline était obligatoire dans le cadre scolaire, je n'ai jamais réussi à l'envisager autrement que comme quelque chose de complexe et abstrait qui à l'époque plombait ma moyenne. Jusqu'à lors, je me persuadais que mon parcours avait été malheureusement jalonné d'enseignants qui n'avaient pas réussi à me transmettre leur passion. Hypothèse bien plus ragoutante que celle mettant en cause mes capacités intellectuelles... Or, germe dans l'esprit d'un auteur que j'apprécie,...
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| | D'abord vint la rupture, puis la douleur. Donc, on tirait ma tignasse en aboyant - faut te lever triste merde - faut défendre ton pays, ses banques et ses élites ! Mon pays n'est pas mon pays, c'est de la pierre.
Puis, l'état second propulsa mes sens dans des flots apaisés. J'étais devant un café blanc, loin du perpétuel test tiraillant les mortels y étant soumis. Pour moi, neuf heures moins le quart c'était moins trente trois et des oublis... Un halo entourait la plupart des bipèdes masqués, halo de bulles de semence polies et leurs satellites, des ovules giro...
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| | Je t'aime comme la brindille qui pousse de travers Comme la fourmi qui se planque dans la boîte de pâté Olida Tu es le sang qui coule dans mon nez quand il n'y a plus de kleenex Même pas de Sopalin, ou d' essuietout Comme Chérard le Matou Tu es les toiles de mes nuits Tu es la dent qui perfore l'opercule du Yop à la banane Je suis le chemin qui serpente et je vois un rat crevé bouffé par des insectes d'hiver Car c'est pas l'printemps Ghislain...
Voilà, c'est bien pourri non ?
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| | Le monde se scarifie à toute vitesse... Les humains perchés dessus ne sont que polypes malins (les plus actifs), ou bénins (les plus nombreux). Non je ne suis pas Charlie, par respect pour "eux" qui sont morts, pas moi, je ne suis pas Charlie, parce que je préfère le recueillement posé, respectueux, à l'effet foule t-shirt... Je ne suis pas Charlie car je ne peut "fusionner" avec tous les charognards qui n'ont pas attendu, hier, que les corps soient refroidis pour récupérer ce sordide massacre aux fins de servir leur propagande. Les prophéties de "où...
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| | L'est là lui, vert comme si une source pût assiéger un débris d'épée, un repas avec du vert plante. J'y pense en logorrhées à ces prothèses spirituelles, prêt à porter-penser, saloperies qui crèchent en lieux communs? J'aime et j'en souffre de la rue où je passais, en bas la marchande de vin, des tonneaux des bonbonnes, des bouteilles consignées - et cette odeur ! - plus haut l'épicière et les anchois dans le tonneau - pas des anchois des tropiques, il aurait fallut attendre qu'ils mûrissent ! - derrière les...
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| | Je lis pour me distraire mais aussi beaucoup pour me forger une opinion. Je suis donc confrontée à l'inconnu dans la lecture, mais parfois, aussi au familier. C'est une expérience troublante.
Je ne parle pas du deuil, de l'érotisme ou de la maternité qui finalement produit des mots communs, mais du petit tremblement de la vie, des associations d'idées, de la théorisation intime du monde qui nous entoure et qu'on pratique depuis l'enfance. Parfois, une forme se dégage que l'on croyait intime, unique et qu'un autre a mis en mots avant nous, en empruntant les mêmes chemins d'associations...
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| | Un robot s'est posé sur une comète à 500 millions de kilomètres, il a mis 10 ans à tourner pour enfin trouver la bonne comète et le moment propice - formidable, il y a déjà de belles photos de gros rochers...
En 2013 plus de 400 SDF sont morts, dont 15 enfants - le groupe Total ne paie pas un centime d'euro en France mais a reçu 80 millions d'euros de crédit d'impôts - ces SDF aussi, ils souffrent de la hausse du carburant à la pompe? Non ! Ils financent la formidable aventure spatiale? Non ! Alors hein, faut voir à pas contrarier François avec ça...
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| | Un peintre du 18 siècle, reconnu de son vivant ce qui en soi est déjà un gage de - croise un autre peintre qui lui dit
Je suis assez content de ma dernière toile, je la terminerai demain !
Tu es fou ! Et si tu meurs cette nuit ?
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| | Un texte récent d'Hubert Canonici m'a fait penser à certains écrits de Léo Ferré. Je vous livre un extrait du journal de Ferré, "Agenda 1971" (mon année de naissance) :
"Vendredi 22 janvier.
Le bruit glauque de l'huile qu'on transvase d'un bac à un autre bac.
Je pense aux tonnes de foutre - pour ne parler que de cet aspect de la "miction humaine" - qui se déverse chaque jour dans le ventre des femmes.
Mesurer ça, très pointilleusement.
Un foutromètre !"
L.F.
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| | Je viens de lire une trentaine de pages du livre et, je déguste, l'atmosphère pue l'humanité, l'abruti au nez nasique, je l'imaginerais bien assister à l'exécution d'un innocent ( à la guillotine ) en picorant avec son appendice dans un gobelet plein de popcorn. Ces quelques pages agissent plus contre le racisme primaire que des années de la brumeuse entreprise " touche pas à mon pote ". L'histoire est déjà bien lancée, comme dans un " rare " bon film... Je vais continuer la lecture...
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| | Pourquoi vois-je ce film comme de la pure poésie? Pourquoi ne vois-je pas ce film périr par les pets? Parce que ça n'est pas le cœur du film, moi je vois deux vieux soigner leurs potagers, s'envoyer du pinard et du pastis avec de l'eau du puits ( à une température de haute précision ) , je vois un martien débarquer parce qu'il a entendu péter le Glaude et le Bombé, après tout le cosmos est un alliage de gaz. Je vois deux vieux parqués derrière une clôture grillagée à qui l'on balance des cacahuètes, je vois une soupe aux choux que j'ai envie d'en manger, je vois un vaisseaux spatial qui emmène...
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| | Doit-on présenter André Markovicz ? Poète et traducteur, on lui doit une traduction complète des œuvres de Dostoïevski, publiée chez Actes Sud et achevée en 2002. Invité à animer un atelier de traductions par le Svegliu Calvese, il vient de mettre en ligne des notes linguistiques concernant la langue corse qui nous ont vivement intéressés. Il n'y a donc pas qu'une désespérante vacuité sur les réseaux sociaux, et l'on y trouve parfois de vraies perles littéraires. C'est ainsi avec une grande amabilité que l'auteur nous autorise à relayer ici un texte qui...
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| | Une opinion tranchée de Barbara Ettori-Morandini, à propos du film Her, de Spike Jonze.C'est un scénario d'anticipation que nous propose Spike Jonze avec son film Her. Scénario pour lequel il a eu un oscar cette année. Une contre-utopie à laquelle le public, de prime abord, n'aurait donné aucune chance si son réalisateur n'était pas aussi prestigieux. D'ailleurs, combien de chefs-d’œuvre n’acquièrent pas de renommé méritée...
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| | « Ne craignons pas de dire la vérité » (Ovide).
Ça n’est pas à proprement parler de littérature dont il sera question ici. Mais ça a tout de même à voir avec la pensée, et puis aussi avec la dignité des Hommes, et l’indignité des instances qui prétendent les représenter. Nous sommes le 5 mai, en 2013, un jour qui ne doit pas être comme les autres, et Didier Rey nous le rappelle avec justesse. Quand d’autres – en ce même jour – se courbent devant le veau d’or et ses scandales.
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