Je lis pour me distraire mais aussi beaucoup pour me forger une opinion.
Je suis donc confrontée à l'inconnu dans la lecture, mais parfois, aussi au familier. C'est une expérience troublante.
Je ne parle pas du deuil, de l'érotisme ou de la maternité qui finalement produit des mots communs, mais du petit tremblement de la vie, des associations d'idées, de la théorisation intime du monde qui nous entoure et qu'on pratique depuis l'enfance. Parfois, une forme se dégage que l'on croyait intime, unique et qu'un autre a mis en mots avant nous, en empruntant les mêmes chemins d'associations et de mémoire. Ces petites convictions qu'on a mis des années à se construire, cette vision qu'on a de tel phénomène et qui s'est forgée au fil du temps.
Je suis gênée de lire ce que je viens juste de penser, depuis quelques semaines, après des décennies de vie. On l'a pensé avant moi, une chose anodine, sans importance, mais toujours le fruit d'une lente association. La lecture parfois me rappelle que je ne suis pas seule et que le bruit de ma tête résonne aussi dans d'autres têtes, ne m'est pas tout à fait propre. Les mêmes zones ont frotté les mêmes endroits du monde, produit les mêmes expériences, les mêmes associations, puis les mêmes conclusions. C'est dérangeant et bon.
éprouvé de lecture
Re: éprouvé de lecture
Vous êtes une lectrice d'une rare finesse, Sylvie et tout aussi finement vous savez traduire les expériences communes, celles de la vie, celle de la pensée, avec un grand talent pour en montrer l'universalité.
Dominique, je me réveille et je vous lis...quel merveilleux compliment. Merci pour ces mots. Mais merci surtout pour Praxis Negra que vous portez et merci de m'avoir tendue la main
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