Qui ne connait pas Jean Nicoli ? Je connaissais le héros, le résistant, l'homme engagé qui donna sa vie pour un idéal de liberté marquant à jamais l'histoire. Je connaissais ces mots magnifiques, griffonnés sur un paquet de cigarettes quelques heures seulement avant de mourir. Cette lettre à ses enfants, poignante, sincère et si dénuée de découragement malgré les circonstances, malgré l'inéluctabilité d'une destinée tragique. Je le connaissais donc, comme tout le monde serais-tenté de dire. Je l'ai pourtant découvert, sur les conseils de Jean-Claude Acquaviva du groupe A filetta qui me fit part, un jour, de son envie d'imaginer un spectacle musical autour des personnages de Jean Nicoli et Aimé Césaire. Je fus d'abord interloqué, ne voyant pas vraiment de rapport entre les deux hommes si ce n'est celui de l'engagement au sens très large du mot. Après quelques recherches, je me procurai, auprès de l'excellente librairie en ligne Soumbala, un ouvrage intitulé : " Jean Nicoli. Un instituteur républicain, de la Colonie à la Résistance", paru aux éditions Donniya de Bamako, préfacé par Francette Nicoli et commenté par Francis Arzalier. Ce livre, retrace la vie de Jean Nicoli de 1925 à 1943. Dès les premières pages, l'analogie faite avec Aimé Césaire m'apparut comme une évidence, la négritude en moins, la corsitude en plus. L'exil, l'affirmation de l'identité, le refus de la catégorisation des hommes selon leur condition ou leur couleur de peau, sont autant de raisons de les rapprocher. Ce n'est pas un ouvrage que l'on lit d'un trait, ce n'est pas ainsi, en tout cas, que je l'ai lu. C'est le genre de livre que l'on garde à portée de main, un de ceux dans lesquels on se plonge quelques instants, que l'on referme plus instruit, plus riche de sentiments, un de ceux que l'on voudrait n'avoir jamais fini. Tant pour la qualité littéraire de certains passages que pour la dimension historique que d'autres recèlent. Tant pour la découverte d'un homme qui, bien avant de se dresser contre le fascisme, dénonçait le sort fait aux africains par ceux qui confondirent mission émancipatrice et colonisation aveugle, que pour celle d'un auteur de talent sachant décrire avec justesse le monde qui l'entoure. Pour tout cela, Jean Nicoli connut la délation, bien avant celle qui le conduisit à l'échafaud. Il dut subir l'exil une deuxième fois et quitter cette terre d'Afrique qu'il avait fini par considérer sienne, qui était sienne.
Si je ne devais retenir qu'un extrait de cet ouvrage, ce serait celui intitulé "Première tornade", j'y ai vu, à tort peut-être, une allégorie prémonitoire, une synthèse absolue de la vie de cet homme qu'aujourd'hui je connais mieux et que je vous invite à découvrir à votre tour.
VINTERA
Prima ci hè u silenziu, à fascià ogni cosa
D’ogni alburu, u frascume, d’un siscu hè azzicatu
È u celu si veste di lana cindarosa
Cum’è per dì à tutti ch’un periculu hè natu
Dopu l’aria si face cum’è ligera è fresca
U celu torna foscu, u ventu vene mossu
Cuscogliule scimite si pesanu in tresca
È digià in un frombu, u tonu ci hè addossu
È tuttu vene bughju, in cor di miziornu
Toni, saette, acqua, in tamantu scunfondu
S’abbraccianu per forza, a notte cù u ghjornu
À robba è ghjente pare, natu u finimondu
Eppo' tuttu si tace è volta u turchinu
Cum’è s’è nulla ùn fussi canta torna l’acellu
È dopu à ‘ssa vintera, soca soffiu divinu
U sole è i so raghji invadenu u celu…
Si je ne devais retenir qu'un extrait de cet ouvrage, ce serait celui intitulé "Première tornade", j'y ai vu, à tort peut-être, une allégorie prémonitoire, une synthèse absolue de la vie de cet homme qu'aujourd'hui je connais mieux et que je vous invite à découvrir à votre tour.
VINTERA
Prima ci hè u silenziu, à fascià ogni cosa
D’ogni alburu, u frascume, d’un siscu hè azzicatu
È u celu si veste di lana cindarosa
Cum’è per dì à tutti ch’un periculu hè natu
Dopu l’aria si face cum’è ligera è fresca
U celu torna foscu, u ventu vene mossu
Cuscogliule scimite si pesanu in tresca
È digià in un frombu, u tonu ci hè addossu
È tuttu vene bughju, in cor di miziornu
Toni, saette, acqua, in tamantu scunfondu
S’abbraccianu per forza, a notte cù u ghjornu
À robba è ghjente pare, natu u finimondu
Eppo' tuttu si tace è volta u turchinu
Cum’è s’è nulla ùn fussi canta torna l’acellu
È dopu à ‘ssa vintera, soca soffiu divinu
U sole è i so raghji invadenu u celu…