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    Hors-service, 2ème extrait (François-Xavier Renucci)

    Marco B
    Marco B
    Admin

    Messages : 422
    Date d'inscription : 30/01/2013
    22042014

    Hors-service, 2ème extrait (François-Xavier Renucci) Empty Hors-service, 2ème extrait (François-Xavier Renucci)

    Message par Marco B

    Portrait de jeune homme en onirisme et filigrane, par François-Xavier Renucci



    Hors-service, 2ème extrait (François-Xavier Renucci) Jean-c10
    Jean-Charles Taillandier. Regards croisés 5 - Encres sur papiers marouflés, 40 x 52 cm. D'après peinture (Musée du Château de Lunéville)

    Le greffier atteste, il supplante les voix mythologiques. Le jeune homme décline l’identité suivante : HERVEY William, né le tant du tant. Entre deux âges.
    La carte quatre est celle de la vérité. Elle passera entre toutes les mains. Le matin est calme, comme il sied aux paroles posées et minutieuses ; la mer lape doucement et sans bruit la forte muraille de la citadelle. C’est cette image, cette carte, que je vois en filigrane de tous ces rêves. Elle serait de couleur crème et présenterait un unique dessin incrusté dans l’épaisseur du papier, ne s’offrant qu’aux mains expertes et sensibles, ou bien aux regards attentionnés qui savent que tout se dévoilera par transparence, dès le soleil levé, là-haut derrière les crêtes à l’Est.
    Mon rêve se termine toujours sur le désir de la carte quatre.
    Le filigrane représente un portrait de trois-quarts. On ne sait si le visage est en train de se tourner pour nous faire face, ou bien au contraire pour prendre congé. Ce visage respire la bonté, et ressemble beaucoup à celui de mon professeur de latin, au lycée. Une tête légèrement aplatie, comme d’un batracien, des yeux d’ailleurs un peu exorbités, le crâne lisse de tout cheveu sauf sur les côtés où s’accrochent des boucles naturelles et sympathiques. Un visage à la fois bonhomme et sérieux, généreux et fantaisiste, qui ne réprime jamais aucun sourire sans pour autant le cultiver ou le composer.
    William Hervey a ce port de visage et ce regard clair qui augurent d’une sage vieillesse. Il sera reconnu chez lui. On le retrouvera avec joie. Hellstone sera en fête.
    Il a étudié à Oxford. C’est indéniable. Sa mère, dans une crise de folie – mais on ne saura jamais quelle désestime de soi l’aura poussée à cette extrémité – s’en prit à ses enfants, noya le plus petit sur la grève de Lizard Peninsula, et n’eut pas le temps de s’attaquer au plus grand, William, car les villageois arrivaient par grappes, essoufflés, et la ceinturaient. Ils firent recracher l’eau de mer au plus petit, protégèrent, comme on le pense bien, le plus grand. La famille fut très entourée, aidée. Tout le monde fut compréhensif avec la mère. Ils cherchèrent ensemble une solution. Le petit partit pour la Virginie, l’ancien dominion. On laissa le grand décider ; il désira effectuer son Tour, et parfaire – ou défaire – son éducation.
    Une simple histoire.
    Le grand Tour est ce déplacement, jamais simple, qui pousse les jeunes Anglais de bonne famille à confronter leur première forme de caractère aux grands esprits de ce monde et aux aléas les plus variés. Chacun est en quête de son Rousseau, de son Goethe, de son excellence. Il est convenu de penser que ces grands esprits, même vus par le petit bout de la lorgnette, méritent une attention de tous les instants, car on ne sait à l’occasion de quelle rencontre anodine l’heureux visiteur du moment aura l’insigne honneur de recueillir telle pensée profonde, ou telle confidence, bien sûr formulée de la façon la plus piquante. Pour le voyageur, c’est souvent le prétexte pour essayer ses talents de dessinateur amateur, d’assembleur de mots, de rhapsode inspiré. Il conserve des mots. Le tout compose un journal, pour finir. Cela se publie. L’auteur se permettra alors d’orner la première page de son ouvrage du meilleur de ses autoportraits.
    Autoportrait au profil éphémère. William Hervey a conservé de son enfance la ligne fine d’un nez droit, finesse qui lui valut – avec la douceur de ses yeux noisette – le regard amusé et parfois souriant de plusieurs de ses compagnes de jeux, dans les alentours de la maison familiale. Sous les traits du jeune adulte, le très jeune enfant pointe encore : la tendresse de ses joues pleines n’a pas tout à fait disparu sous la poussée de l’angle aigu des pommettes ; le rouge au front, autrefois si prompt, est aux aguets – car jamais il n’aura la maîtrise parfaite de ses nerfs ni de son cœur, même métamorphosé dans la blanche transparence d’un filigrane sur papier crème.
    C’est avec la Sainte Bible, les sermons de John Wesley et le recours rigoureux aux Belles-Lettres que William a été instruit et éduqué en vue de devenir un prédicateur de l’Église méthodiste. Son visage a été conçu pour traverser les âges, et les intempéries. Tu le vois bien maintenant. Le Christ, Sa parole et la parole des Pères furent la vraie maison du jeune homme. Une bien douce maison, à l’architecture précise.
    Le dessin du filigrane est d’une grande tenue et fixe les lignes maîtresses d’un visage qui ne demande qu’à honorer les expériences intransmises du père, la sensibilité de la mère, la générosité si caractéristique du jeune homme.
    Il n’y aurait plus beaucoup à dire sur cette image.
    C’est la carte quatre qui sans cesse s’impose à moi.
    Ne l’oublie pas.
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