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Atelier littéraire


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    Les blés au vent

    Hubert Canonici
    Hubert Canonici

    Messages : 296
    Date d'inscription : 01/03/2014
    Age : 56
    Localisation : Bonifacio
    05052017

    Les blés au vent Empty Les blés au vent

    Message par Hubert Canonici

    Première partie...

    Le lac est figé, gris, comme ce chat vivant, assis sur le bord de l'autre rive, je le devine être là depuis la nuit des temps...au diable les doutes après tout...
    Un vent se lève de nulle part, les arbres tremblent et grincent, ils y perdent des feuilles rondes et transparentes...de grâce, je souhaite penser à ces images à l'aune de l'existence...
    Un poisson argenté émerge et s'enfuit...une ombre se reflète sur l'eau, ma gorge se noue, comme si j'avalais une bogue verte...un grand masque d'argile, à la bouche tombante, progresse au ralenti, les yeux vertigineux du vide les matérialisant, il pourrait me gober comme une plante carnivore avale un insecte...il disparaît dans une traînée glaiseuse...

    Puis passe un wagon aérien rempli de "gens chiffons", c'est très dérangeant...des perdants du mondialisme, de longs rectangles aplatis, déshydratés, conditionnés pour prendre moins de place dans le transport de masse, une énième prouesse du progressisme - le plus impressionnant, leurs yeux...pas humains...ils seront re conditionnés dans une zone spécifique aux abords d'une ville d'accueil, ils recouvreront leurs propriétés grâce à un appareillage mélangeant trois éléments de synthèse, l'eau, la terre, le feu...
    Je suis un perdant du mondialisme, comme tous ceux qui n'entrent pas dans la bulle spéculative, je m'en félicite, mais je ne fais pas partie de son armée de réserve...indépendant, invisible, Dieu que c'est difficile...
    J'évolue maintenant dans une plaine soumise aux seuls aléas de la nature, l'anarchie des plantes grimpantes enlaçants les graminées et les fleurs sauvages n'est qu'harmonie, je ramasse des fruits juteux, bois l'eau fraîche jaillissant d'une faille rocheuse, le soleil apparaît et ses rayons me détendent - dans cette plaine, jadis, mes parents semaient du blé, je devais avoir 5 ou 6 ans, je me rappelle de cette terre bêchée et débarrassée de ses herbes, c'était beau, je savais que c'était important, on s'aimait, ils avaient tant d'attentions pour moi, je les aidais avec ardeur au triage des grains, à la transformation du blé en farine avec une meule de pierre, puis, au pétrissage de la pâte et à la cuisson du pain, cette odeur douce, chaude, humide, nourrissante, ne me quittera jamais...je m'allonge sur le dos, cette communion avec la nature est intense - quand j'effleure la plénitude, la mélancolie ne tarde pas à me tenailler, mes parents faisaient partie des rares individus ayant fuit la civilisation, ils m'ont appris tout ce que je sais...ils se sont extraits d'un système, certainement le plus abouti de l'histoire des hommes - plus de guerres, plus de frontières, plus de chômage, un système auto portant que plus rien n'ébranle aujourd'hui...ils voulaient jouir de la vie dans une énergie de sacralité anti marchande, ils avaient choisi l'aventure de la liberté - un ballet aérien change l'atmosphère immuable, je comprends tout d'instinct, du wagon, ils abandonnent quelques corps à leur fin, ils épurent - ces rectangles, légers comme des plumes, effectuent de lancinantes arabesques - l'un d'eux se pose sur un rocher plat, tel un chemin de table...je n'en ai jamais vu de si près, c'est une femme...je suis déboussolé, puis, c'est une obsession, la ramener à la vie...elle est très légère, le poids de son âme, je l'emmène vers la source jaillissant de la faille rocheuse, l'asperge d'eau, la recouvre de terre, frotte frénétiquement le bois, la paille prend feu, j'alimente, entoure le corps condensé et terreux d'herbes et de bois sec en flammes, je cris, je prie, l'asperge d'eau, encore et encore...c'est contraire à l'entendement, mais elle se "re pulpérise", ses yeux reprennent vie, de grands yeux verts en amande, elle revient à la vie, pleine de boue, de suie, de perles de source - je la prends dans mes bras, elle est terrorisée, j'ai le sentiment d'avoir commis un acte miraculeux...créer la vie...elle est belle, ses gestes délicieusement féminins, je me rappelais ceux de ma mère, mais là, mes sens sont en émoi comme jamais, nous marchons vers le dôme aux raisins...nous passons devant un corps rectangle mort, noir comme du charbon...nous arrivons sous la voûte formée par la vigne grimpante, je place un grain gorgé de sucre et de soleil entre ses lèvres, elle croque, son visage s'illumine...ma vie défile, je revois mes parents, mon père, Hxxx7612, rebaptisé Joseph, ma mère, Fyyy5567, rebaptisée Marie, j'aurais tant voulu qu'ils la connaissent, je pense à leurs visages souriants, aux veillées autour du feu dans la grotte aux oiseaux rats, à l'histoire de leur fuite, jusqu'ici, au cœur de la nature...ils y ont réinventé l'existence, l'apprentissage de la survie fut épique, difficile, exaltant, magnifique...ils ne vivaient plus seuls dans des pièces étriquées avec objets pliables, ils ne se sentaient plus tels des poulets élevés en batterie, avec un destin à la merci de dirigeants mystiques, pour eux, la peur du changement ne fut pas plus forte que la souffrance présente ou à venir - ils pouvaient s'aimer librement, puis, ils eurent un enfant naturel, chose impossible pour les citoyens lambdas, je suis le fruit de leur amour...j'ai hérité de leurs précieux ouvrages, j'ai hâte d'en partager la matière avec celle que je ressens comme ma compagne...je souhaite qu'elle lise l'histoire non censurée, je désire la voir pratiquer cette initiation...nous marchons maintenant au bord du lac, elle découvre une nature qu'elle ignorait, nous arrivons "chez moi", une grotte confortablement agencée - elle est toujours fermée par une meule de pierre pesant près d'une tonne cinq, en posant mes doigts à 5 endroits biens précis, j'actionne ouverture ou fermeture, mes parents m'avaient révélé ce secret datant de l'Égypte antique, cette pierre rend la grotte parfaitement indétectable et inviolable...la lumière solaire décline, nous entrons chez nous, j'allume des morceaux de pin secs placés dans des failles murales, ainsi que diverses vasques pleines d'une huile d'oléagineux, je ravive un feu de bois dans la "pièce"qui me sert de cuisine, perce deux anguilles avec de longues tiges fines et pointues, je les place sur des pierres au-dessus de la braise, quand la peau est craquante et dorée, la chair fondante, je dépose les anguilles sur un plateau de liège, nous mangeons, buvons du jus de raisin...nous sommes détendus, heureux...nous montons, par le puit naturel en colimaçon avec ses marches sommaires, au sommet de la grotte, au "grenier", je place mes doigts sur la meule de pierre du haut, elle s'ouvre, laissant apparaître un coucher de soleil rouge feu sur un immense panorama...le monde nous appartient, vraiment...

    -Où dois-je péter? me dit-elle avec un naturel déconcertant

    Je souris en lui disant que ce temps là est révolu, qu'elle peut péter ou pas, et quand elle le désire, qu'ici on analyse rien, on ne prélève de méthane...elle regarde la voûte céleste constellée d'étoiles, je lui masse les épaules, l'embrasse dans le cou...
    Au premier matin, avec Fxyx67004, que j'ai rebaptisé Eve, nous nous réveillons, nus et enlacés, sur la couette en lin remplie de plumes et de feuilles...

    À suivre...
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    Message Lun 29 Mai - 9:31 par joesecondi

    Hello Hubert

    Merci de nous embarquer une nouvelle fois avec ce récit. C'est trop beau, je sens que ça va se gâter au prochain épisode, hein? ;-)
    Hubert Canonici

    Message Lun 29 Mai - 21:31 par Hubert Canonici

    Hello Joelle, et oui hein, bien vu, mais je ne sais pas encore si elle va avoir des problèmes de santé irréversibles, dus à l'absence de traitement à la suite de sa "renaissance" par mes trois éléments, eau terre feu...ou s'ils vont être repérés et servir de gibier à une chasse à l'homme pour élites en mal de sensations fortes....

    À bientôt

    Message  par Contenu sponsorisé


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