Année de merde, on est le 7 et c'est déjà le désespoir.
Horreur, catastrophe, chaos, le journal est mort, ses géants abattus.
Charlie Hebdo
Re: Charlie Hebdo
Mais nous sommes debout, nous avons nos claviers et nos stylos.
Ils sont tous enterrés ou réduits en cendres, sauf un dont la dépouille est encombrante. Les familles dans leurs bourrasques intimes et leur folie passagère, nous, on se calme. Sonnés quand même, nauséeux de tant d'avis, tant d'impressions, d'intuitions, de conneries et de bon sens. La mort a plané follement. Puis, ce constat étrange: la mort passe et elle enfonce un peu plus nos morts intimes, les enfonce un peu plus dans leur anachronisme.
La mort récente cicatrise un peu plus le mort d'avant, pousse les souvenirs encore plus loin, plus profonds, plus inutiles, plus vains. Comme la cortisone efface l'inflammation sans éradiquer le mal. La mort masque la mort. Désenchante la vie. Jusqu'à ce qu'on se fabrique avec toujours moins de moyens, le petit théâtre d'un bonheur correct.
Et ces survivants, Riss, Luz, Coco qu'on trimballe comme des pantins désarticulés. Ils sont morts aussi, ça se voit dans leurs corps, sur leur tête, leurs cuisses osseuses qui tremblent, ils sont défoncés, morts de peur et de stress post traumatique, ils ne survivent pas là. Et tout ce que ça cache de leurs désaccords, de leurs bourrades de têtes de pioches qui faisaient ce groupe.
Aujourd'hui j'ai eu le Charlie enfin, je l'ai roulé dans la sacoche de mon vélo et je l'ai oublié dans le local de l'immeuble en rentrant. Je n'ai pas envie de lire, même pas le toucher. Vivement celui du deuxième mercredi de mars 2017, parce que ceux qui doivent s'écrouler l'auront fait sans être en vitrine, ceux qui devront se retirer l'auront décidé soutenus par leurs proches, les lecteurs opportunistes auront fini de leur foutre la pression. Il faut au moins 2 ans pour que la mort passe. Et le pire, c'est qu'elle passe.
La mort récente cicatrise un peu plus le mort d'avant, pousse les souvenirs encore plus loin, plus profonds, plus inutiles, plus vains. Comme la cortisone efface l'inflammation sans éradiquer le mal. La mort masque la mort. Désenchante la vie. Jusqu'à ce qu'on se fabrique avec toujours moins de moyens, le petit théâtre d'un bonheur correct.
Et ces survivants, Riss, Luz, Coco qu'on trimballe comme des pantins désarticulés. Ils sont morts aussi, ça se voit dans leurs corps, sur leur tête, leurs cuisses osseuses qui tremblent, ils sont défoncés, morts de peur et de stress post traumatique, ils ne survivent pas là. Et tout ce que ça cache de leurs désaccords, de leurs bourrades de têtes de pioches qui faisaient ce groupe.
Aujourd'hui j'ai eu le Charlie enfin, je l'ai roulé dans la sacoche de mon vélo et je l'ai oublié dans le local de l'immeuble en rentrant. Je n'ai pas envie de lire, même pas le toucher. Vivement celui du deuxième mercredi de mars 2017, parce que ceux qui doivent s'écrouler l'auront fait sans être en vitrine, ceux qui devront se retirer l'auront décidé soutenus par leurs proches, les lecteurs opportunistes auront fini de leur foutre la pression. Il faut au moins 2 ans pour que la mort passe. Et le pire, c'est qu'elle passe.
Je partage complètement votre très beau texte Sylvie !
Rien à ajouter...
Rien à ajouter...
C'est vrai, un texte fin, sensible et pénétrant, comme Sylvie nous en réserve souvent.
oui
un texte écrit avec justesse.
un texte écrit avec justesse.
Bravo... Hélas.
Olivier a raison, beaucoup de justesse.
Dans cette ultra-médiatisation de tout, de la souffrance aussi, il n'y a hélas pas eu que des choses décentes.
Et les choses à chaud, le rire par devoir, j'avoue que souvent j'ai eu du mal.
Je retiens ça, parce que c'est un esprit que j'aime, et un réel hommage je crois :
Olivier a raison, beaucoup de justesse.
Dans cette ultra-médiatisation de tout, de la souffrance aussi, il n'y a hélas pas eu que des choses décentes.
Et les choses à chaud, le rire par devoir, j'avoue que souvent j'ai eu du mal.
Je retiens ça, parce que c'est un esprit que j'aime, et un réel hommage je crois :
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