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    Addict au bout de la nuit, par Hubert Canonici

    Dominique Giudicelli
    Dominique Giudicelli
    Admin

    Messages : 397
    Date d'inscription : 28/02/2014
    24122014

    Addict au bout de la nuit, par Hubert Canonici Empty Addict au bout de la nuit, par Hubert Canonici

    Message par Dominique Giudicelli

    Addict au bout de la nuit, par Hubert Canonici Bout_d10

    Le vent redouble de force, sur la façade l'enseigne est allumée, j'entre seul dans le restaurant, au bas du mur et jusque sous les larges fenêtres, une mousseline marron me laissant penser aux probables immondices assignées à résidence - pisse - sperme - vomi - poils de cul - ongles arrachés - résidus de chimiothérapie - oiseaux morts - crachats de faux prophètes...

    Je suis dans la partie dénivelée, deux marches; plus haut un jeune couple semble seul au monde, ils font un minimum de bruit, comme deux graminées de cristal en valse d'automne, il ne sont pas là. Sauf quand l'oiseau noir s'écrase à la vitre, les voilà qui hoquettent puis oublient.

    Hors murs passent des écheveaux   de chanvre, les pavés respirent la mer proche, je devine un bateau ruisselant partir vers l'océan perdu. Au comptoir, un vieux loup solitaire écume la mousse tiède de sa bière, il habite sans doute un meublé de quinze mètres carrés. On la voit sa misère quand vient la dernière gorgée - on le voit comment il se fait petit pour être toléré, comme nous tous...

    -Demain la vague sera là vers 11 heures !

    Puis il part avec des pas feutrés comme des sourires de miséreux. Je commande un carré de loutre clonée sur lit d'algues d'élevage, la serveuse tremble, plus loin, sous la statue du diable, un homme l'observe.

    Une femme entre, le brouillard de sa veste s'évapore vers les lustres poussiéreux, elle est charmante, pourvu qu'elle s'assoie en face de moi. Elle ne parle pas, attitude normale en somme, ses yeux sont frais comme un torrent de montagne coulant entre rochers et edelweiss. Dans ses yeux je me vois tel que je suis, pas tel que j'aimerais être, elle commande un soufflé de chenilles.

    La lumière est tamisée comme j'aime, ça rend l'atmosphère veloutée et mystérieuse, je termine mon plat en même temps que ma voisine. Me lançant comme je n'aurais osé soupçonner, je l'invite à ma table pour lui offrir un jus d'extraits de moka, elle accepte, cela provoque en moi un grand sentiment de fierté et une sublime euphorie, tout est désormais réalisable.

    Je paie pour Ivride et moi, elle est émue,  elle est belle.
    Nous battons le pavé, les embruns fouettent nos visages, je lui prend le bras.
    Nous allons vers le musée vitrine le long de la jetée, dans la première case vitrée, une femme très maigre, elle a été vitrifiée à l'apogée de sa souffrance - cancer ou faim ? - l'artiste a voulu laisser planer un doute éternel, connard, un escroc de l'Art postmoderne alimentant le néant.

    Dans la seconde case, une biche sur un parterre de fleurs s'approche et lèche la vitre, un troll en costume d'Oncle Sam, avec des liasses de dollars plein les poches, vient la sodomiser en chantant "L'internationale" - nous sourions au sacrilège même si le goût est amer, le soulèvement réel et le triomphe des humbles n'aura donc jamais eu lieu...

    Dans la troisième vitrine une vieille putain cri qu'elle veut se marier en blanc alors qu'elle a tapiné trente ans rue Saint-Denis...

    Nous partons vers l'hôtel du bout de la nuit; bien loin, au-dessus de nos têtes, nous voyons les contours lumineux des  plateformes spatiales.

    La vieille dame du bout de la nuit nous accueille avec bienveillance et humanité, elle ressent notre amour naissant et nous offre la plus belle chambre au-dessus de la mer. Les reflets de lune sur nos corps donnent du relief à notre émotion. Nous faisons l'amour jusqu'au bout de la nuit.
    Pour la première fois de ma vie je suis addict, addict à elle et à la vie naissante... Ivride  renaît aussi et rien ne saurait être pareil désormais.

    L'onde de choc est surprenante, une quinzaine de minutes plus tard la vague arrive, une lame déferlante, cinq cent mètres de furie.

    Le vieux loup solitaire l'avait bien dit hier, son instinct était limpide.
    Dans les bras l'un de l'autre nous savons, tout est terminé, notre bonheur trouvé et à venir...

    Nous n'avions pas à payer l'addiction, ceux d'en haut sur leurs plateformes savaient, l'impact de la comète était prévu, ils n'ont pas fait un geste... il n'y a plus rien...


    Dernière édition par Dominique Giudicelli le Lun 16 Fév - 23:20, édité 3 fois
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    Hubert Canonici

    Message Jeu 25 Déc - 0:05 par Hubert Canonici

    Merci Lady d'avoir mis mon texte, bonnes fêtes à tout le monde, Jésus ? Tu m'entends?

      La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 18:59