Regard sur l'Angélus, de Millet, par Barbara Ettori-Morandini. A la découverte des grands peintres.
Je suis allongé sur le ventre, un rayon de soleil perce mes paupières, je suppose donc qu'il fait jour mais je ne les soulèverai pas. .
Non, je ne me lèverai pas pour autant.
J'adore cette langueur lorsque je me réveille d'une nuit sans cauchemar.
La chaleur du sommeil est moelleuse, confortable et évocatrice...
Ce matin, des images floues de corps de femmes me viennent en tête, rien de précis et pourtant presque palpable:
La peau blanche et soyeuse d'un sein, un téton rose et offert à mes dents, des hanches courbées, des fesses rondes, des chevilles fines...
J'ai déjà vécu deux vies, de vingt ans chacune, leur seul point commun.
La première de mes vies s'est passée dans les champs.
Je suis né il y a quarante-trois ans en Normandie dans une ferme qui m'a vu grandir.
Rien ne me prédestinait à la vie que j'ai actuellement, tellement différente, tellement peu honorable. Une vie de peintre.
Dans ma première vie, par exemple, jamais je n'aurai pu imaginer dormir sans qu'il fasse nuit .
Mes journée était rythmées comme celles de ma famille par le travail aux champs qui commençait du lever du soleil à son coucher. Le clocher de notre église faisant retentir son Angélus comme pour nous rappeler notre confortable position d'automates. Nos vies réglées, comme ces mécanismes .
Dans cet autre univers, il y a peu de place pour l'Art mais une autre forme de bonheur existe.
Paradoxalement cette vie d'efforts et de labeurs était plus apaisée que celle qui est la mienne désormais.
Se lever, travailler, se coucher... sur le même rythme qu'un animal partant en chasse de sa nourriture.
Peu de place accordée à la joie mais, ainsi, peu, également, à la tristesse. Une vie régentée ne permettant pas l'oisiveté, synonyme de réflexions et de vices.
Le temps disposant de nous et non le contraire.
Quelle sérénité d'être un pantin!
N'avoir qu'un temps bien déterminé, et pas une minute de plus, destiné aux sommeils, aux repas, aux pleurs, aux rires et aux recueillements.
Barbara Ettori-Morandini
Je suis allongé sur le ventre, un rayon de soleil perce mes paupières, je suppose donc qu'il fait jour mais je ne les soulèverai pas. .
Non, je ne me lèverai pas pour autant.
J'adore cette langueur lorsque je me réveille d'une nuit sans cauchemar.
La chaleur du sommeil est moelleuse, confortable et évocatrice...
Ce matin, des images floues de corps de femmes me viennent en tête, rien de précis et pourtant presque palpable:
La peau blanche et soyeuse d'un sein, un téton rose et offert à mes dents, des hanches courbées, des fesses rondes, des chevilles fines...
J'ai déjà vécu deux vies, de vingt ans chacune, leur seul point commun.
La première de mes vies s'est passée dans les champs.
Je suis né il y a quarante-trois ans en Normandie dans une ferme qui m'a vu grandir.
Rien ne me prédestinait à la vie que j'ai actuellement, tellement différente, tellement peu honorable. Une vie de peintre.
Dans ma première vie, par exemple, jamais je n'aurai pu imaginer dormir sans qu'il fasse nuit .
Mes journée était rythmées comme celles de ma famille par le travail aux champs qui commençait du lever du soleil à son coucher. Le clocher de notre église faisant retentir son Angélus comme pour nous rappeler notre confortable position d'automates. Nos vies réglées, comme ces mécanismes .
Dans cet autre univers, il y a peu de place pour l'Art mais une autre forme de bonheur existe.
Paradoxalement cette vie d'efforts et de labeurs était plus apaisée que celle qui est la mienne désormais.
Se lever, travailler, se coucher... sur le même rythme qu'un animal partant en chasse de sa nourriture.
Peu de place accordée à la joie mais, ainsi, peu, également, à la tristesse. Une vie régentée ne permettant pas l'oisiveté, synonyme de réflexions et de vices.
Le temps disposant de nous et non le contraire.
Quelle sérénité d'être un pantin!
N'avoir qu'un temps bien déterminé, et pas une minute de plus, destiné aux sommeils, aux repas, aux pleurs, aux rires et aux recueillements.
Barbara Ettori-Morandini
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