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    Jours de neige (Olivier Jehasse)

    liveriu
    liveriu

    Messages : 127
    Date d'inscription : 28/02/2014
    01032014

    Jours de neige (Olivier Jehasse) Empty Jours de neige (Olivier Jehasse)

    Message par liveriu

    Olivier Jehasse, pour un hommage à Praxis ? Ou à la neige tardive qui nous donne des envies d'ailleurs ? Peu importe à vrai dire, et l'on retrouve Antoine et ses fulgurances, Antoine et ses pulsions étranges et mortifères.

    Jours de neige (Olivier Jehasse) Murder10


    On ne sait jamais comment les jours se font, même si on a un peu de culture ou un simple bon sens de l’orientation ou des jeux de la lune sur la terre. Antoine était perplexe. La journée avait commencé sous  un soleil brillant, puis des trombes d’eau s’étaient déversées sur lui, puis le soleil était revenu, en même temps que l’électricité d’ailleurs, ce qui dans son pays était chose naturelle. Il vivait au pays de l’équation : une goutte, une coupure ; une pluie, deux heures sans ; une averse forte, quatre heures sans... et hormis la cheminée ou la sieste il ne restait rien d’autre à faire qu’attendre.

    Et vraiment on ne sait jamais comment les jours se font car brusquement dans le silence étouffé de ce début d’après-midi où la nuit le disputait au jour, où on ne savait plus si c’était le jour ou si c’était la nuit, il entendait malgré tout dans son demi-sommeil post-prandial sa machine couiner au fond de la pièce, comme si le réseau se foutait de l’orage, comme si les accrochés de la technologie surpassaient par la force de leur désir les manques criants de l’énergie officielle. Et Antoine, qui avait bon caractère comme chacun le savait..., rouspétait à demi-inquiet et à demi-content de savoir que des choses inexplicables étaient encore possibles dans ce monde.

    En soupirant il se leva et releva le capot de sa machine. Il eut un haut-le-cœur en découvrant son écran rempli de formes étranges où des lignes et des lignes soigneusement rangées les unes à côté des autres clignotaient furieusement. Il ne comprenait pas ce qui était écrit, tout était comme de l’écriture, mais il ne connaissait plus son alphabet, il avait l’impression d’être devant un message codé comme ceux que son grand-père rédigeait dans des grottes furtives il y avait bien longtemps.

    Et pourtant Antoine des extra-terrestres il n’en avait pas peur, des espions de la NSA non plus, mais là il était franchement inquiet, car il voyait bien que c’était des vivants de chez lui qui bougeaient encore. Et ça c’était terrible ! Vous vous rendez compte ! Alors que le monde s’épuisait en vacuités, que l’on appelait  du plus beau titre politique, César,  des récompenses inutiles à des artistes tellement subventionnés qu’ils en oubliaient de jouer ou d’apprendre leur rôle, ceux-là, ils bougeaient, ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces moins jeunes, et ils osaient parler, et ils osaient transcrire des émotions, des joies, et horreur absolue,  ils osaient parler de leurs lectures !!

    C’était ça le plus grave. Ils savaient lire et ils osaient le dire. Épouvanté Antoine repoussa avec brutalité le capot de la bête à mauvaises nouvelles, se passa la tête sous l’eau, observa avec son putain de sourire qui ne le quittait jamais la neige qui désormais voletait devant sa fenêtre, et après avoir soupiré, se vida un chargeur plein entre les deux yeux. De l’avantage d’avoir du beau matos quand le beau et le vrai surgissent subitement pour vous rappeler votre absolue déshérence…

    Olivier Jehasse

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    Karlheinz L.K.

    Message Sam 1 Mar - 16:37 par Karlheinz L.K.

    Mon rêve, être capable de me vider un chargeur complet dans le citron... Pas évident de résister à la première balle   tongue 

    Ça me manquait un tel lyrisme dans le cynisme.

    "Alors que le monde s’épuisait en vacuités, que l’on appelait  du plus beau titre politique, César,  des récompenses inutiles à des artistes tellement subventionnés qu’ils en oubliaient de jouer ou d’apprendre leur rôle [...]"  Very Happy
    liveriu

    Message Sam 1 Mar - 17:26 par liveriu

    ce qu'il y a de bien avec KH c'est son amour maniaque de la précision. On n'a pas le droit d'écrire n'importe quoi, il faut toujours rester plausible et au plus près de la réalité; n'étant pas comme lui neurologue  de haut niveau et parfaitement conscient des effets destructeurs d'un calibre sur ma modeste personne, j'avoue  humblement ne pas connaître précisément les effet d'une première balle d'un automatique à 18 coups sur la personne d'un deshérité...quoique je m'en doute un peu.. Mais bon ! en fait derrière tout cela s'affrontent deux conceptions de la littérature : l'une près du vrai, l'autre près des mots. je préfère la seconde sinon le monde serait encore plus triste que les errements virtuels de ce con d'Antoine.
    Karlheinz L.K.

    Message Sam 1 Mar - 17:33 par Karlheinz L.K.

    Je m'en fous de la précision à vrai dire, imaginer ce pauvre hère se vider 18 balles dans la cafetière est assez touchant.

    Le suicide en rafale est un concept qui sied si bien à votre style, qu'il en devient plausible.

    Mais, mon PC saccade et je crois bien que quelque flocons font leur apparition...
    liveriu

    Message Sam 1 Mar - 17:53 par liveriu

    je m'en doutais un peu mais oui j'avoue que la rafale des mots j'aime bien. Couvrez bien votre bête il faut toujours se méfier des effets inattendus de la neige...de toutes les neiges d'ailleurs.. même si le mot a bien vieilli depuis le temps du port de Saïgon..Cool
    Francesca

    Message Dim 2 Mar - 0:40 par Francesca

    Fulgurant!

    et aussi un tableau précis de la météo de ces derniers jours.

    moi mon ordinateur me sort des messages codés, même par beau temps, il me transforme les pièces jointes des mails reçus en hieroglyphes, problèmes de compatibilité, paraît-il. Vive le scan!

    Beau "coup d'envoi" pour le forum Praxis, en espérant que la révélation de cet espace d'écriture et de lecture ne provoque aucun suicide!  bounce 
    Dominique Giudicelli

    Message Dim 2 Mar - 21:08 par Dominique Giudicelli

    Bien contente de retrouver ici Antoine que j'ai suivi, et même accompagné sur OP. J'espère que comme tout héros de mots, il survivra à ces 18 balles (il me semble qu'il a déjà accompli ce miracle, non?) et qu'il continuera à nous parler du monde tel qu'il l'aperçoit du fond de son joyeux désespoir.

    Message  par Contenu sponsorisé


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