Sur Georges Bataille, Madame Edwarda, le Mort et l'Oeil
Dominique Giudicelli- Admin
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Date d'inscription : 28/02/2014
Quelques esprits forts et moqueurs m’engageaient récemment à (re)lire George Bataille, sous-entendant que j’y gagnerais une légitimité à parler d’érotisme que selon eux je n’avais pas. Renonçant à savoir d’où ils tenaient la certitude de mon incompétence et l’assurance de la leur, j’ai néanmoins (re)lu Georges Bataille, « Madame Edwarda », « Le Mort » et « L’Histoire de l’œil », aiguillonnée par l’idée qu’en effet sa manière de concevoir et d’écrire l’érotisme était assez éloignée de la mienne. J’aime pourtant la lumière noire de ses transes crépusculaires, le désespoir glacé comme le silence infini de l’univers où plongent ses personnages brisés par la jouissance. J’aime aussi la mystique qui nacre de reflets les bains de foutre et de pisse imprégnant ses pages.
J’aime cela comme une littérature, pas comme une érotique.
Je n’ai pas l’outrecuidance de prétendre comparer mes idées fragmentaires à la pensée de Bataille construite au long d’une œuvre, mais il m’intéresse de comprendre pourquoi cette pensée ne parle qu’à mon goût esthétique et ne fait pas écho en moi, alors même que son champ d’exploration est semblable au mien et que sa puissance d’expression aurait tout pour me convaincre.
C’est que je perçois sa parole venant des profondeurs de la terreur et de la désillusion: Dieu est mort, et rien n’a de sens que l’outrage de vivre. Or pour moi, il n’y a pas d’outrage à vivre dans toute la matérialité de la chair, et Dieu n’est pas mort, car il n’existe pas ; il EST.
Il EST l’élan vers l’autre qui nous arrache à nos limites de chair et fusionne dans le même élan qui, de l’autre, se précipite vers nous.
Il EST la rencontre chimique, atomique, de flux plus subtils que la lumière et tout aussi réels, dont les corps sont le creuset où s’accomplit la fusion.
Il EST le souffle qui nous pousse et nous fait haleter comme asphyxiés d’un air plus vif et qui nous étourdit.
Il EST le feu qui grandit dans nos ventres et en expanse les parois.
Il EST le vortex de lumière qui nous aspire et nous dissout dans l’extase.
Cette méta-physique érotique ne se soucie pas de morale, ni sociale ni religieuse, et il est probable que sur ce point je sois parfaitement amorale. Et c’est peut-être cela qui m’empêche d’entendre Bataille. Il n’est pas amoral, il est immoral, désespérément, comme qui sent peser sur lui le poids immense de l’interdit. Ses personnages jouissent d’aller nus, goûtant l’abandon de leur dépouille sociale, ils pissent, chient, vomissent et baisent en public, violant frénétiquement les conventions et le bonnes manières, s’exaltant jusqu’à la folie de l’outrance de leurs transgressions. Ils en tirent un plaisir amer, une jouissance paradoxale née du sentiment de leur anéantissement, du spectacle offert aux yeux horrifiés des bonnes gens de leur déchéance exemplaire.
On entend des accents sadiens chez Bataille, la clameur d’une liberté douloureuse en l’absence de toute espérance divine. Mais au risque de choquer à mon tour, ce tumulte a pour moi les accents juvéniles d’un adolescent bien élevé qui réalise brusquement qu’il est nu sous son costume, « nu comme une bête » pour citer Bataille, et que cette animalité effare et excite à la fois. En proie à des émotions violentes et nouvelles, le jeune homme se récite des litanies de con, bite, cul, foutre, branle, maintenant honteusement une excitation à laquelle il échoue à renoncer.
Les corps et les sexes ne me font pas honte, et peut-être est-ce au fond une infirmité plus qu’une force, un handicap qui m’empêche de voir ce que la transgression renferme de puissants plaisirs. Mais il se trouve que je ne vois dans un corps rien de sale ni de honteux, ni aucun outrage aux bonnes mœurs dans ses manifestations naturelles.
Les corps m’émerveillent, au contraire. Leurs modelés, leurs touchers, leur mystérieuse chimie qui les fait frémir, chauffer, exsuder, exhaler, manifestant des phénomènes subtiles, et puissants comme un pneuma ; pneuma d’Eros qui, lorsqu’on l’inspire, nous transcende, nous transporte dans une transe, un abandon heureux aux forces du corps et de l’esprit. Pas d’autre dieu qu’Eros, le souffle créateur, l’esprit de Vie ; aucun dieu au doigt vengeur écrasant le pêcheur mortifié. De la violence peut-être, de la force assurément, celle qui faut pour nous extraire de nous-mêmes et de notre pesante gravité, pour opérer la transmutation de la chair en émotion, en mouvement hors de soi, filant à la vitesse de la lumière vers l’incréé, l’originel. Le corps est le lieu de cette expérience mystique. Il n’est ni un obstacle ni un pis-aller. Il est le temple nécessaire où s’incarne le Souffle. Nos sens et nos organes sont les voies (les voix ?) par où souffle l’Esprit.
Il est peu d’autres moyens pour nous de faire l’expérience de la force de Vie, c’est-à-dire du divin en nous et par nous. L’imminence de la mort, peut-être, en est un autre, et c’est d’ailleurs une symétrie que Bataille établie lui-même : « ce qui me paraît le terme de mes débauches, une incandescence géométrique (coïncidence, entre autre, de la vie et de la mort, de l’être et du néant), et parfaitement fulgurante ».
Mais là encore, si je partage avec lui cette perception de l’union métaphysique de la vie et de la mort, je diverge quant à la qualité qu’il prête à la mort, celle d’une destruction irrémédiable de la vie.
Si j’ai parlé jusqu’à présent de l’expérience de la force créatrice, de la poïésie dans la rencontre érotique, j’aurais aussi bien pu dire que le sexe nous faisait vivre dans notre chair l’expérience de la mort, c’est-à-dire de la déliaison du corps, de la libération de l’esprit échappant à la matière. N’est-ce pas cela mourir : expirer, c’est-à-dire rendre son dernier souffle, dernier parce qu’il s’échappe sans retour vers le corps ? Et si l’orgasme n’est qu’une « petite » mort, c’est parce que la jouissance nous ramène ensuite à nous-mêmes, à notre corps ébranlé, abasourdi par l’expérience de l’au-delà de la chair.
La mort n’est pas la négation du Vivant (dont il est pour moi un hétéronyme), mais la fin de l’existence. Pour autant, pendant le temps que nous sommes au monde, nos corps de chair et de matières sont de merveilleux véhicules du divin en nous, et s’ils nous conduisent à la liberté, ce n’est pas tellement en nous confrontant aux interdits contingents de la morale. Le sexe et la rencontre érotique, en nous donnant à expérimenter les limites de la matière et un avant-goût de sa déréliction, nous révèle en même temps la part d’immortalité en nous. « Philosopher, c’est apprendre à mourir » : baiser, aussi. Mourir à soi, et y renaître, infiniment, affranchi de l’angoisse existentielle de notre finitude.
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Lun 22 Sep - 9:24, édité 3 fois
J’aime cela comme une littérature, pas comme une érotique.
Je n’ai pas l’outrecuidance de prétendre comparer mes idées fragmentaires à la pensée de Bataille construite au long d’une œuvre, mais il m’intéresse de comprendre pourquoi cette pensée ne parle qu’à mon goût esthétique et ne fait pas écho en moi, alors même que son champ d’exploration est semblable au mien et que sa puissance d’expression aurait tout pour me convaincre.
C’est que je perçois sa parole venant des profondeurs de la terreur et de la désillusion: Dieu est mort, et rien n’a de sens que l’outrage de vivre. Or pour moi, il n’y a pas d’outrage à vivre dans toute la matérialité de la chair, et Dieu n’est pas mort, car il n’existe pas ; il EST.
Il EST l’élan vers l’autre qui nous arrache à nos limites de chair et fusionne dans le même élan qui, de l’autre, se précipite vers nous.
Il EST la rencontre chimique, atomique, de flux plus subtils que la lumière et tout aussi réels, dont les corps sont le creuset où s’accomplit la fusion.
Il EST le souffle qui nous pousse et nous fait haleter comme asphyxiés d’un air plus vif et qui nous étourdit.
Il EST le feu qui grandit dans nos ventres et en expanse les parois.
Il EST le vortex de lumière qui nous aspire et nous dissout dans l’extase.
Cette méta-physique érotique ne se soucie pas de morale, ni sociale ni religieuse, et il est probable que sur ce point je sois parfaitement amorale. Et c’est peut-être cela qui m’empêche d’entendre Bataille. Il n’est pas amoral, il est immoral, désespérément, comme qui sent peser sur lui le poids immense de l’interdit. Ses personnages jouissent d’aller nus, goûtant l’abandon de leur dépouille sociale, ils pissent, chient, vomissent et baisent en public, violant frénétiquement les conventions et le bonnes manières, s’exaltant jusqu’à la folie de l’outrance de leurs transgressions. Ils en tirent un plaisir amer, une jouissance paradoxale née du sentiment de leur anéantissement, du spectacle offert aux yeux horrifiés des bonnes gens de leur déchéance exemplaire.
On entend des accents sadiens chez Bataille, la clameur d’une liberté douloureuse en l’absence de toute espérance divine. Mais au risque de choquer à mon tour, ce tumulte a pour moi les accents juvéniles d’un adolescent bien élevé qui réalise brusquement qu’il est nu sous son costume, « nu comme une bête » pour citer Bataille, et que cette animalité effare et excite à la fois. En proie à des émotions violentes et nouvelles, le jeune homme se récite des litanies de con, bite, cul, foutre, branle, maintenant honteusement une excitation à laquelle il échoue à renoncer.
Les corps et les sexes ne me font pas honte, et peut-être est-ce au fond une infirmité plus qu’une force, un handicap qui m’empêche de voir ce que la transgression renferme de puissants plaisirs. Mais il se trouve que je ne vois dans un corps rien de sale ni de honteux, ni aucun outrage aux bonnes mœurs dans ses manifestations naturelles.
Les corps m’émerveillent, au contraire. Leurs modelés, leurs touchers, leur mystérieuse chimie qui les fait frémir, chauffer, exsuder, exhaler, manifestant des phénomènes subtiles, et puissants comme un pneuma ; pneuma d’Eros qui, lorsqu’on l’inspire, nous transcende, nous transporte dans une transe, un abandon heureux aux forces du corps et de l’esprit. Pas d’autre dieu qu’Eros, le souffle créateur, l’esprit de Vie ; aucun dieu au doigt vengeur écrasant le pêcheur mortifié. De la violence peut-être, de la force assurément, celle qui faut pour nous extraire de nous-mêmes et de notre pesante gravité, pour opérer la transmutation de la chair en émotion, en mouvement hors de soi, filant à la vitesse de la lumière vers l’incréé, l’originel. Le corps est le lieu de cette expérience mystique. Il n’est ni un obstacle ni un pis-aller. Il est le temple nécessaire où s’incarne le Souffle. Nos sens et nos organes sont les voies (les voix ?) par où souffle l’Esprit.
Il est peu d’autres moyens pour nous de faire l’expérience de la force de Vie, c’est-à-dire du divin en nous et par nous. L’imminence de la mort, peut-être, en est un autre, et c’est d’ailleurs une symétrie que Bataille établie lui-même : « ce qui me paraît le terme de mes débauches, une incandescence géométrique (coïncidence, entre autre, de la vie et de la mort, de l’être et du néant), et parfaitement fulgurante ».
Mais là encore, si je partage avec lui cette perception de l’union métaphysique de la vie et de la mort, je diverge quant à la qualité qu’il prête à la mort, celle d’une destruction irrémédiable de la vie.
Si j’ai parlé jusqu’à présent de l’expérience de la force créatrice, de la poïésie dans la rencontre érotique, j’aurais aussi bien pu dire que le sexe nous faisait vivre dans notre chair l’expérience de la mort, c’est-à-dire de la déliaison du corps, de la libération de l’esprit échappant à la matière. N’est-ce pas cela mourir : expirer, c’est-à-dire rendre son dernier souffle, dernier parce qu’il s’échappe sans retour vers le corps ? Et si l’orgasme n’est qu’une « petite » mort, c’est parce que la jouissance nous ramène ensuite à nous-mêmes, à notre corps ébranlé, abasourdi par l’expérience de l’au-delà de la chair.
La mort n’est pas la négation du Vivant (dont il est pour moi un hétéronyme), mais la fin de l’existence. Pour autant, pendant le temps que nous sommes au monde, nos corps de chair et de matières sont de merveilleux véhicules du divin en nous, et s’ils nous conduisent à la liberté, ce n’est pas tellement en nous confrontant aux interdits contingents de la morale. Le sexe et la rencontre érotique, en nous donnant à expérimenter les limites de la matière et un avant-goût de sa déréliction, nous révèle en même temps la part d’immortalité en nous. « Philosopher, c’est apprendre à mourir » : baiser, aussi. Mourir à soi, et y renaître, infiniment, affranchi de l’angoisse existentielle de notre finitude.
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Lun 22 Sep - 9:24, édité 3 fois
Re: Sur Georges Bataille, Madame Edwarda, le Mort et l'Oeil
On aurait aimé que les esprits forts dont tu parles aient été capables d'un tel papier. Pour moi il y a dans ce texte quelques belles fulgurances, de ces choses que j'aurais aimé avoir inventées.
Il n'y a guère que ce "chair en é-motion" que je modifierais, question stylistique, ça me fait penser à quelque chose qui relève de la performance et que je n'aime pas, une atrophie de l'expression trop vue récemment sur internet, mais tu n'y es pour rien.
Non, à part ça, sans flagornerie, c'est un des meilleurs papiers que j'aie lu de toi, c'est personnel, je trouve que c'est inspiré, que tu le sens bien ce sujet, et que tu en parles avec une vraie maîtrise. ça te rend légitime - à fond - sur la question.
La fin, c'est à garder, comme un incipit possible pour autre chose : "« Philosopher, c’est apprendre à mourir » : baiser, aussi. Mourir à soi, et y renaître, infiniment, affranchi de l’angoisse existentielle de notre finitude.
Waouh !
J'ai vu hier soir un film dont le scénario est signé McCarthy, Cartel je crois. ça pourrait faire partie des dialogues que j'y ai entendus.
Il n'y a guère que ce "chair en é-motion" que je modifierais, question stylistique, ça me fait penser à quelque chose qui relève de la performance et que je n'aime pas, une atrophie de l'expression trop vue récemment sur internet, mais tu n'y es pour rien.
Non, à part ça, sans flagornerie, c'est un des meilleurs papiers que j'aie lu de toi, c'est personnel, je trouve que c'est inspiré, que tu le sens bien ce sujet, et que tu en parles avec une vraie maîtrise. ça te rend légitime - à fond - sur la question.
La fin, c'est à garder, comme un incipit possible pour autre chose : "« Philosopher, c’est apprendre à mourir » : baiser, aussi. Mourir à soi, et y renaître, infiniment, affranchi de l’angoisse existentielle de notre finitude.
Waouh !
J'ai vu hier soir un film dont le scénario est signé McCarthy, Cartel je crois. ça pourrait faire partie des dialogues que j'y ai entendus.
Superbe démonstration Lady, ça me nourrit, il faudrait dire à Bataille: Fontaine je boirai de ton eau, c'est fou qu'on vous reproche d'avoir une sensibilité propre, c'est bien là le cœur de la littérature, on ne dirait pas à Van Gogh de faire de l'hyperréalisme ou de surréalisme, s'il faut copier des styles où pensées pour entrer dans un standard établi il n'y à plus d'intérêt - même s'il ne faut pas s'exonérer de tout classicisme, ce serait trop prétentieux...
Merci ! C'est évidemment très agréable de s'entendre complimenter ! Et de quelle manière !
Marco, je t'écoute et ôte mon tiret artificiel. Je garde aussi l'idée de l'incipit pour un prochain projet...
Il y a eu qq réactions sur FB, j'aurais aimé qu'elles aient lieu ici, et que peut-être s'amorce une réflexion croisée sur le sujet ou sur la manière dont la littérature, ou la philosophie, le traite.
A bon entendeur....
Marco, je t'écoute et ôte mon tiret artificiel. Je garde aussi l'idée de l'incipit pour un prochain projet...
Il y a eu qq réactions sur FB, j'aurais aimé qu'elles aient lieu ici, et que peut-être s'amorce une réflexion croisée sur le sujet ou sur la manière dont la littérature, ou la philosophie, le traite.
A bon entendeur....
Dominique,
Votre article m'a beaucoup impressionnée. Une femme se pose, maîtresse de son sujet, et vulnérable aussi.
"j'y gagnerais en légitimité à parler d'érotisme que selon eux je n'avais pas".
Que n'aurais-je pas aimé être de cette discussion! Être celle à qui on adresse une telle sentence et devoir faire chemin, quel qu'il soit, avec ceux qui la prononcent. Quelle violence, quelle morgue et finalement quelle ignorance. Pas de laisser passer nécessaire pour l'érotisme, pas d'adoubement autre que celui de l'amant, pas de préalable, c'est l'espace même de la liberté, ce que la vie donne en échange du malheur de devenir adulte.
Votre texte est magnifique il évoque l'évidence corporelle et sa difficile mise en mots, écrire l'érotisme est un exercice dangereux, qui dévoile plus que d'autres, ou anéanti la magie, l'écrase, l'étouffe, ou au contraire la sublime, la transmet à l'autre, néophyte qui fait ventre de tout pour s'enrichir amant.
Parler d'érotisme, écrire l'érotisme, et lire l'érotisme, encore une autre affaire. Vous décrivez parfaitement ces mots qui parlent au cerveau mais pas au ventre, ce mouvement propre à l'érotisme d'être une prise et un don, un vol et un abandon, dans le plaisir trouvé à deux pour chacun. Une union produite par une désunion experte.
Qui es tu pour parler d'érotisme ? Une femme, qui baise.
Et qui aime, l'amant, la jouissance.
Et toi qui es tu pour dire comment se parle l'érotisme ? Une personne qui lit.
Un M'as tu vu dans mon joli fauteuil?
Votre article m'a beaucoup impressionnée. Une femme se pose, maîtresse de son sujet, et vulnérable aussi.
"j'y gagnerais en légitimité à parler d'érotisme que selon eux je n'avais pas".
Que n'aurais-je pas aimé être de cette discussion! Être celle à qui on adresse une telle sentence et devoir faire chemin, quel qu'il soit, avec ceux qui la prononcent. Quelle violence, quelle morgue et finalement quelle ignorance. Pas de laisser passer nécessaire pour l'érotisme, pas d'adoubement autre que celui de l'amant, pas de préalable, c'est l'espace même de la liberté, ce que la vie donne en échange du malheur de devenir adulte.
Votre texte est magnifique il évoque l'évidence corporelle et sa difficile mise en mots, écrire l'érotisme est un exercice dangereux, qui dévoile plus que d'autres, ou anéanti la magie, l'écrase, l'étouffe, ou au contraire la sublime, la transmet à l'autre, néophyte qui fait ventre de tout pour s'enrichir amant.
Parler d'érotisme, écrire l'érotisme, et lire l'érotisme, encore une autre affaire. Vous décrivez parfaitement ces mots qui parlent au cerveau mais pas au ventre, ce mouvement propre à l'érotisme d'être une prise et un don, un vol et un abandon, dans le plaisir trouvé à deux pour chacun. Une union produite par une désunion experte.
Qui es tu pour parler d'érotisme ? Une femme, qui baise.
Et qui aime, l'amant, la jouissance.
Et toi qui es tu pour dire comment se parle l'érotisme ? Une personne qui lit.
Un M'as tu vu dans mon joli fauteuil?
J'ai lu avec beaucoup de plaisir cette tribune. Pour m'y être essayé (et pour avoir échoué), je confirme que coucher sur du papier (ou un écran d'ordinateur) des choses qui se couchent d'habitude sur des lits, des banquettes de voiture ou de machines à laver n'est vraiment pas évident. Il n'y a pas « une » manière de le faire, une soit-disant « bonne » manière ; c'est bien comme le cul lui-même, chacun son style, chacun ses limites. Il faut savoir se laisser aller aussi, et accepter d'être surpris (même de façon anecdotique).
Opposer un érotisme allusif (nécessairement propre et beau) à une pornographie explicite (nécessairement crade et moche) me semble complètement con. A partir du moment ou un frémissement des sens (voir plus) s’opère, le pari est gagné.
Dominique a un style (ce qui est déjà assez rare), le sien qui plus est. Elle ne s'interdit rien (quel plaisir), et elle ne cherche à ressembler à personne (me semble t-il). Je ne peux qu’applaudir !
PS : Je préfère également que le débat se passe ici, plutôt que sur Facebook, dommage que nous soyons si peu à fréquenter ce lieu, même si je suis de ceux qui pensent qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné, alors....
Opposer un érotisme allusif (nécessairement propre et beau) à une pornographie explicite (nécessairement crade et moche) me semble complètement con. A partir du moment ou un frémissement des sens (voir plus) s’opère, le pari est gagné.
Dominique a un style (ce qui est déjà assez rare), le sien qui plus est. Elle ne s'interdit rien (quel plaisir), et elle ne cherche à ressembler à personne (me semble t-il). Je ne peux qu’applaudir !
PS : Je préfère également que le débat se passe ici, plutôt que sur Facebook, dommage que nous soyons si peu à fréquenter ce lieu, même si je suis de ceux qui pensent qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné, alors....
Dominique, votre texte est très beau et va bien au-delà d'un plaidoyer explicatif, et les rebonds de la joyeuse bande montrent clairement que vous touchez juste et que vous placez les enjeux très haut. Il y a à partir de votre texte des millions de choses à dire mais ce midi (heure bataillenne par excellence) je n'en vois qu'une : oui Bataille est un ado boutonneux qui se cherche dans la transgression, je l'ai toujours lu ainsi, mais il y a autre chose : c'est un garçon, et vous, vous êtes une femme, et le rapport à l'érotisme entre un mec qui s'effondre dans son animalité, et une femme qui vit la sienne en toute sérénité, il y a tout ce qui sépare les fils des filles, et c'est cela qui fait que votre projet ne peut aller qu'à son terme, c'est ce que nous attendons tous.
Bravo !
Bravo !
Cher Liveriu, votre intervention me réjouit et me touche, tout autant que celles de Sylvie et de Karlheinz. Je vous remercie de témoigner tant d'intérêt et de considération à ce texte car il a été écrit un peu sous le coup de la déception, celle de voir le projet dont précisément vous parlez, m'échapper et devenir non plus une oeuvre de femmes, manifestant les multiples manières qu'ont les femmes d'être à l'érotisme, mais une collection mixte ; sans d'autre justification que : la mixité est une réalité humaine et sociale. Certes... On y lira peut-être, de ce fait, la différence entre les manières masculines et féminines de vivre le corps et la rencontre érotique, à moins qu'ici comme en grammaire, la minorité masculine n'emporte l'accord du genre, et que les différences s'estompent à la lecture, au profit du plus petit denominateur commun. Ce que je crains...
En tout cas merci à tous les trois d'avoir souligner la part féminine de ce texte, car au delà des polémiques sur le genre et le sexisme, c'est une question qui me parait centrale. D'ailleurs j'ai l'intention de proposer prochainement un débat sur la littérature écrite par des femmes vs par des hommes pour essayer de voir si l'on peut discerner des différences et comprendre où elles s'enracinent
J'espère que le sujet plaira...
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Lun 22 Sep - 13:57, édité 1 fois
En tout cas merci à tous les trois d'avoir souligner la part féminine de ce texte, car au delà des polémiques sur le genre et le sexisme, c'est une question qui me parait centrale. D'ailleurs j'ai l'intention de proposer prochainement un débat sur la littérature écrite par des femmes vs par des hommes pour essayer de voir si l'on peut discerner des différences et comprendre où elles s'enracinent
J'espère que le sujet plaira...
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Lun 22 Sep - 13:57, édité 1 fois
Très belle réponse à ces esprits forts. Et un texte très intéressant à lire.
Tribune très interessante, forte. Inspirant des réflexions du genre "quessa sì a donna!". :-) Hâte de lire également vos prochains échanges sur le futur débat au thème alléchant.
"Un thème alléchant", c'est exactement ça...
Mon machisme pourra enfin trouver un espace à sa mesure !!!
Mon machisme pourra enfin trouver un espace à sa mesure !!!
Le temps de la préparer, et je lance le sujet ! Et j'espère qu'il n'y aura pas que des lecteurs, mas aussi des contributeurs, machistes ou pas, on verra, et on règlera ça à la plume !
Quessa sì, a donna ! C'est flatteur, mais très exagéré !
Merci Barbara, et merci aussi à Joseph.
Quessa sì, a donna ! C'est flatteur, mais très exagéré !
Merci Barbara, et merci aussi à Joseph.
Ça va se régler aux plumes hard?
ahahaha ! Oui, et j'espère qu'on y croisera le dard !
Karlheinz, sans déconner... sur une machine à laver... Le débat porte sur l'érotisme, et là vous invoquer, qui ? la Mère Denis ?
On ouvrira un autre post, dès qu'on a le temps, et le défi sera d'évoquer les lieux les plus saugrenus où la chose se fit. Je vous parlerai alors d'un photocopieur de lycée, d'une salle d'attente chez l'oculiste, d'un hall de gare d'une cité bretonne misérable, d'un... Bon OK, je suis déjà hors sujet, alors j'me casse.
On ouvrira un autre post, dès qu'on a le temps, et le défi sera d'évoquer les lieux les plus saugrenus où la chose se fit. Je vous parlerai alors d'un photocopieur de lycée, d'une salle d'attente chez l'oculiste, d'un hall de gare d'une cité bretonne misérable, d'un... Bon OK, je suis déjà hors sujet, alors j'me casse.
. O Marco, chì n'ai pensatu di Cameron Diaz è di u pare-brises nù Cartel?Marco B a écrit:Karlheinz, sans déconner... sur une machine à laver... Le débat porte sur l'érotisme, et là vous invoquer, qui ? la Mère Denis ?
On ouvrira un autre post, dès qu'on a le temps, et le défi sera d'évoquer les lieux les plus saugrenus où la chose se fit. Je vous parlerai alors d'un photocopieur de lycée, d'une salle d'attente chez l'oculiste, d'un hall de gare d'une cité bretonne misérable, d'un... Bon OK, je suis déjà hors sujet, alors j'me casse.
Tiens, Monsieur Antonetti se réveille... C'est vraiment un sujet porteur !
Dernière édition par Karlheinz L.K. le Mer 24 Sep - 7:08, édité 1 fois
Dernière édition par Karlheinz L.K. le Mer 24 Sep - 7:08, édité 1 fois
Tiens, et si on en faisait le sujet du prochain cadavre exquis ? Un texte erotico-porno (je prends de l'avance, vu le public... ) à 10, 20 mains ? Ca vous dit ?
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Mer 24 Sep - 9:47, édité 1 fois
Dernière édition par Dominique Giudicelli le Mer 24 Sep - 9:47, édité 1 fois
Joseph Antonetti a écrit:. O Marco, chì n'ai pensatu di Cameron Diaz è di u pare-brises nù Cartel?Marco B a écrit:Karlheinz, sans déconner... sur une machine à laver... Le débat porte sur l'érotisme, et là vous invoquer, qui ? la Mère Denis ?
On ouvrira un autre post, dès qu'on a le temps, et le défi sera d'évoquer les lieux les plus saugrenus où la chose se fit. Je vous parlerai alors d'un photocopieur de lycée, d'une salle d'attente chez l'oculiste, d'un hall de gare d'une cité bretonne misérable, d'un... Bon OK, je suis déjà hors sujet, alors j'me casse.
Ni aghju pinsatu :
Dominique Giudicelli a écrit:Tiens, et si on en faisait le sujet du prochain cadavre exquis ? Un texte erotico-porno (je prends de l'avance, vu le public... ) à 10, 20 mains ? Une sorte de gang bang littéraire ! Ca vous dit ?
Comme a dit Karl : c'est un sujet porteur...
Un petit texte en passant, inspiré par un rêve, une chienne sur un tapis roulant.
Il reçoit son architecte, sa maison est enfin terminée. Circulaire, en granit rose muré à sec, le toit d'un bloc est une sorte de chapeau chinois géant d'aspect cuivré. Elle est toute revêtue de bois à l'intérieur, sauf au sol, où des dalles anciennes patinées par les temps semblent avoir été foulées par les apôtres et leurs détracteurs.
D'en haut, flanquée dans son vallon boisé, on dirait le vaisseau d'un dieu en villégiature bucolique.
- Voilà, mon rêve s'est réalisé, il est là devant vos yeux !
- Superbe ! Troublant !
- C'est en partie votre œuvre !
Je vous en prie, veuillez me suivre, l'intérieur est fascinant !
La lune se reflète sur le toit, ils sentent bien qu'une force incroyable irradie ici.
Dedans c'est envoûtant, il y a plusieurs niveaux et curieusement, pas un escalier. Pas de pente visible à l'œil, des faisceaux de lumière s'allument seules et ajustent leur intensité.
- Je vous propose de passer la nuit chez moi ! Je suis seul et il y a plusieurs chambres; ici le choix s'impose de lui-même, comme une évidence, il vous suffit de suivre votre instinct et votre sensibilité !
Choisissez en une, je ferai de même, nous souperons après !
De chaque endroit de la maison l'impression est d'y être au centre.
L'architecte se retrouve dans une chambre semblant être le cœur d'une forêt enchantée, deux pins gigantesques entourent un lit à la structure creusée dans un rocher très lisse. Plus loin un coquillage géant décline des bleus et des verts chauds ou froids, l'eau à l'intérieur a des remous perpétuels.
Il est attiré vers la même chambre, pas moyen de se mentir ici, marche sur le gazon, effleure les fougères du bout des doigts; l'architecte se déshabille, il s'en approche irrésistiblement.
Elle est nue, tourne sa tête vers lui.
Elle se penche un peu sur le coquillage, il voit par l'arrière, sous ses fesses laiteuses et rebondies, fente et rosace rosées.
- Votre vulve me paraît plus butinable que la plus sucrée des fleurs printanières d'un doux alpage exposé sur un coteau de bonne pente !
- (Elle rougit) Vos mots me vont droit au ventre, regardez mes tétons, des antennes fermes et souples, vibrantes à notre désir !
- Vous êtes plus racée qu'une levrette afghane sur un tapis roulant, vous savez, dans ce long couloir où l'on fait si aisément de longs pas lunaires !
- Je devine votre sexe gorgé d'ondes nacrées!
Elle se cambre, il met ses mains sur ses fesses et effleure en pianiste - glisse sa langue de bas en haut dans le sillon des fées - il fond en voyant sa superbe chute de reins onduler délicieusement - bien sur sa queue pointe vers ses trous où il voit du lustré et du velours caoutchouté, mais il préfère contenir le volcan en lui - sûr c'est dur et faut que ça dure, jusqu'à figer le temps.
Elle le suce à lui lustrer la bite, tant et si bien que la lumière se reflète sur son gland obligeant la brûlante architecte à faire une éclipse avec son cul - ils entrent en coquillage où il n'y a pas de fond, elle se tient au rebord, il vient dans son dos, se tient d'une main, lui fourre sa queue et accélère comme un piston de locomotive à vapeur. De sa main libre il module le clitoris comme s'il cherchait à élucider un code libérant des ondes jusqu'à l'indicible force.
Le temps n'a plus d'emprise, mais quand même, quand il voit remonter des bulles derrière elle, il se dit que c'est un vent bien gracieux, et ça lui donne envie d'aller boire un thé...
Il reçoit son architecte, sa maison est enfin terminée. Circulaire, en granit rose muré à sec, le toit d'un bloc est une sorte de chapeau chinois géant d'aspect cuivré. Elle est toute revêtue de bois à l'intérieur, sauf au sol, où des dalles anciennes patinées par les temps semblent avoir été foulées par les apôtres et leurs détracteurs.
D'en haut, flanquée dans son vallon boisé, on dirait le vaisseau d'un dieu en villégiature bucolique.
- Voilà, mon rêve s'est réalisé, il est là devant vos yeux !
- Superbe ! Troublant !
- C'est en partie votre œuvre !
Je vous en prie, veuillez me suivre, l'intérieur est fascinant !
La lune se reflète sur le toit, ils sentent bien qu'une force incroyable irradie ici.
Dedans c'est envoûtant, il y a plusieurs niveaux et curieusement, pas un escalier. Pas de pente visible à l'œil, des faisceaux de lumière s'allument seules et ajustent leur intensité.
- Je vous propose de passer la nuit chez moi ! Je suis seul et il y a plusieurs chambres; ici le choix s'impose de lui-même, comme une évidence, il vous suffit de suivre votre instinct et votre sensibilité !
Choisissez en une, je ferai de même, nous souperons après !
De chaque endroit de la maison l'impression est d'y être au centre.
L'architecte se retrouve dans une chambre semblant être le cœur d'une forêt enchantée, deux pins gigantesques entourent un lit à la structure creusée dans un rocher très lisse. Plus loin un coquillage géant décline des bleus et des verts chauds ou froids, l'eau à l'intérieur a des remous perpétuels.
Il est attiré vers la même chambre, pas moyen de se mentir ici, marche sur le gazon, effleure les fougères du bout des doigts; l'architecte se déshabille, il s'en approche irrésistiblement.
Elle est nue, tourne sa tête vers lui.
Elle se penche un peu sur le coquillage, il voit par l'arrière, sous ses fesses laiteuses et rebondies, fente et rosace rosées.
- Votre vulve me paraît plus butinable que la plus sucrée des fleurs printanières d'un doux alpage exposé sur un coteau de bonne pente !
- (Elle rougit) Vos mots me vont droit au ventre, regardez mes tétons, des antennes fermes et souples, vibrantes à notre désir !
- Vous êtes plus racée qu'une levrette afghane sur un tapis roulant, vous savez, dans ce long couloir où l'on fait si aisément de longs pas lunaires !
- Je devine votre sexe gorgé d'ondes nacrées!
Elle se cambre, il met ses mains sur ses fesses et effleure en pianiste - glisse sa langue de bas en haut dans le sillon des fées - il fond en voyant sa superbe chute de reins onduler délicieusement - bien sur sa queue pointe vers ses trous où il voit du lustré et du velours caoutchouté, mais il préfère contenir le volcan en lui - sûr c'est dur et faut que ça dure, jusqu'à figer le temps.
Elle le suce à lui lustrer la bite, tant et si bien que la lumière se reflète sur son gland obligeant la brûlante architecte à faire une éclipse avec son cul - ils entrent en coquillage où il n'y a pas de fond, elle se tient au rebord, il vient dans son dos, se tient d'une main, lui fourre sa queue et accélère comme un piston de locomotive à vapeur. De sa main libre il module le clitoris comme s'il cherchait à élucider un code libérant des ondes jusqu'à l'indicible force.
Le temps n'a plus d'emprise, mais quand même, quand il voit remonter des bulles derrière elle, il se dit que c'est un vent bien gracieux, et ça lui donne envie d'aller boire un thé...
vous êtes unique Rider, et vous avez des rêves léchés comme des peintures à l'huile. Heureux homme !
Merci Lady, c'est joli ce que vous dites !
" elle le suce à lui lustrer la bite" . Magnifique.
Fendre le cul d'une architecte, quel beau fantasme, à rendre jaloux les infirmières et autres hôtesses de l'air. D'une manière générale, j'ai toujours eu un faible pour les bourgeoises, frustration de prolo, vengeance de gueux sans doute.
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